Nous quittons le grand sud pour remonter une centaine de kilomètres plus haut, avec pour première étape :
Domaine Clape à Cornas :
Au domaine, Olivier Clape a maintenant rejoint son père Pierre et perpétue ainsi la tradition. Auguste, le père de Pierre est à la retraite et vient encore de temps à autre distiller ses précieux conseils. L’évolution du domaine sur les derniers millésimes est évidente. Toujours plus de précision, toujours plus d’équilibre. C’est d’ailleurs une constante que nous avons remarquée depuis 3 ou 4 ans : la plupart des vignerons que nous aimons, quelque soit la région, sont à la recherche d’une matière la plus délicate possible sans trahir la richesse ou la puissance de leur terroir, mais en restant bien évidemment tributaires du millésime. C’est donc le cas ici avec des 2009 d’une concentration réellement étonnante, balancée par une fraîcheur et une recherche de finesse dans l’opulence du millésime. Nous dégustons avec Olivier et Pierre l’assemblage qui est en cours d’élaboration et qui, même s’il n’est pas encore complètement achevé, promet un vin qui fera date au domaine. Le potentiel de garde nous impressionne et il est clair que ce vin est parti pour de très très longues années. On pourra le déguster jeune pour en apprécier les qualités, mais la maturité ne sera pas là avant au moins 10 à 12 ans. Nous passons ensuite en revue les diverses parcelles du domaine en 2010. Toutes ne sont pas au même stade d’avancement, et si les structures sont déjà bien marquées, les arômes sont beaucoup plus en retrait. Il y aura moins de différence entre ces deux grands millésimes dans le nord du Rhône que dans le Sud, mais avec la constante d’une fraîcheur plus marquée en 2010, grâce à l’acidité résultant des amplitudes thermiques (surtout en septembre) entre les journées chaudes et les nuits plus froides qu’en 2009. Grand vin de toute façon que nous vous décrirons plus précisément après quelques mois d’élevage.
Domaine Jamet à Ampuis :
Nous voici chez Jean-Paul Jamet, en Côte-Rôtie. Avec sa femme Corinne et son frère Jean-Luc, il exploite quelques vingt-cinq parcelles différentes sur l’appellation, parcelles qui sont récoltées et vinifiées presque toutes à part, selon les millésimes. Jean-Paul connait son terroir comme personne et passer quelques heures avec lui est un véritable régal pour l’amateur de vin. On y apprend plus que sur une année de dégustation, c’est tout dire. Impossible pour nous de tout vous expliquer en détail, il faudrait écrire un livre….. Nous avons tout dégusté en 2009 comme en 2010….du bonheur à l’état pur… 2010 est à notre sens le plus grand millésime jamais produit au domaine, et 2009 n’en est pas très éloigné quoique complètement différent. Si la perfection existait en matière de vin, c’est ici sur 2010 qu’elle serait. Ce vin combine tout ce qu’on attend d’un très très très grand vin : équilibre, matière, dentelle, structure, fraîcheur, longueur, densité….difficile de trouver les mots pour le décrire. Comment décrit-t-on la perfection ? Le plus grand vin jeune que j’aie jamais goûté en 25 années de « carrière ». Vivement novembre 2012….. 2009 est complètement typé du millésime en Rhône nord : plus en confort et en richesse sans manquer pour autant de subtilité. Vous pourrez en avoir un premier aperçu en dégustant la première cuvée « Fructus Voluptas » qui est arrivée.
Domaine Anthony et Louis Vallet à Serrières :
La fin de notre petit périple est proche, et nous la terminons dans ce domaine découvert en 1992 et dont nous avons été les premiers importateurs. On en rigole toujours avec le père d’Anthony, parce nous avons dû lui expliquer à l’époque comment établir les documents nécessaires à l’exportation de ses vins. il y a deux sortes de Saint-Joseph dans cette appellation d’environ 850 hectares. Ceux du sud, situés principalement entre Saint-Jean-de-Muzols et Cornas qui bénéficient d’un climat proche de celui de Crozes et de l’Hermitage, avec une maturité plus précoce et des vins riches et puissants, et ceux situés entre Condrieu et Serrières, plus proches de la typicité des Côtes-Rôties, plus floraux et fins, avec moins de volume mais peut-être plus de distinction. Le domaine Vallet fait partie de ces derniers, contrairement aux vins de Bernard Faurie que vous connaissez également. Anthony qui a rejoint son père fin des années 90 et qui est maintenant en charge des vinifications est en progression constante et fait désormais partie du top de l’appellation. Sous sa direction, les vins s’affinent d’année en année pour notre plus grand plaisir et les diverses cuvées de 2009 nous ont surpris par une complexité que nous ne leur connaissions pas. Très jolies bouteilles, d’une garde moyenne à longue, pleins de fruit, de matière et de complexité. Manque encore la distinction pour tutoyer les sommets. L’exception étant bien entendu cette cuvée que nous assemblons depuis 1999, anciennement dénommée « les Rouasses », provenant d’un magnifique terroir granitique et qui désormais s’appellera » « Quintessence de Rouasses » afin d’éviter la confusion avec l’ancienne cuvée qui n’est plus une cuvée d’assemblage. 2010 pourrait être le détonateur de la classe et de la distinction, mais quand nous les avons dégustés, les vins étaient dans une phase de retrait, et s’il est clair que le millésime ne décevra pas, il nous faudra les redéguster pour pouvoir vous en dire plus.
Voilà notre petit voyage Rhodanien terminé avec la satisfaction d’avoir devant deux superbes millésimes qui vous attendent à bras ouverts….
Le tableau des derniers millésimes du Nord dans une prochaine newsletter.
@ Pierre Ghysens , mai 2011